Français : Présentées en triptyque en 1879 avec deux autres peintres, Pêche à la ligne et Baigneurs, les Périssoires faisaient partie d'un ensemble décoratif dont on ignore la destination précise. De 1860 à 1879, Caillebotte passa une partie de ses étés dans la propriété que possédaient ses parents sur les bords de l'Yerres. Là, il s'attacha à peindre des scènes familières de la vie quotidienne. Le thème est celui des plaisirs de l'été, continuant une tradition ancienne en peinture liée aux saisons et aux divertissements, mais adaptée par Caillebotte aux goûts de son époque. Avec ses Périssoires (le nom de ces fragiles canots à fond plat et très suggestif), il explore un sujet alors à la mode, autant chez les romanciers naturalistes qu'auprès de peintres impressionnistes, Monet et Renoir. L'artiste, nostalgique, choisit de peindre ce que le commun ne regarde plus à force de le voir; aussi au bord de l'Yerres retrouve-t-il le temps perdu, les jeux de son enfance, une certaine douceur de vivre. Il synthétise dans ce tableau plusieurs actions simultanées et successives. On remarquera le mouvement des pagaies se rééquilibrant d'une périssoire à l'autre en une dynamique accentuée par les raccourcis et le mouvement de l'eau fendue par la proue de ces deux frêles esquifs. Caillebotte fut très marqué par l'art photographique pratiqué par son frère Martial. Le cadrage est ici audacieux : au premier plan, le personnage ainsi que le périssoire sont coupés. Balayant avec légèreté les conventions de la peinture, proche des impressionnistes et précurseur des nabis, Caillebotte occupe une place désormais évidente dans l'histoire de l'art moderne.